Le
Val-boisé, une forêt dense aux arbres hauts, la terre des Elfes des
bois, était la province boisée du sud-ouest de Tamriel. Cette contrée
était composée du Bois de Graht, Prasin, Malabator et d’une partie de la
Marche de la Camarde. C’était dans ces forêts immenses que les villages
et villes des Elfes de bois, ou Bosmers, avaient poussé. Les Bosmers ne
construisaient pas de maisons, ils les faisaient pousser grâce à des
graines, des rituels ou directement avec l’aide de la forêt. Les grands
arbres accueillaient les maisons des elfes, leurs branches formaient des
allées entres les logements ou les différents étages. Parmi les arbres
les plus étranges et les plus incroyables que tout Tamriel compte, les
Chênes-Graht étaient les plus remarquables, ils étaient en effet
capables de se déplacer. La capitale du Domaine d’Aldméri, Faneracine,
en possédait un en une époque maintenant révolue.
Les
Elfes des bois ont toujours entretenu un lien bien particulier avec les
forêts du Val-boisé, le Pacte Vert, une part de leur nature. Toute leur
culture, leur société, leur façon de voire le monde, tout était
étroitement lié au Pacte Vert. Les récits racontaient qu’au temps du
Chaos, toute vie pouvait changer de forme, passant de plante à animal et
à Mer. Il se disait qu’Y’ffre, Dieux de la forêt et de la chanson, se
changea lui-même en prenant la forme du premier Ehlnofey. Ainsi
s’établit la loi de la Nature, mettant un terme au Chaos. Y’ffre créa en
premier le Vert, toute forme végétale, vint ensuite son peuple favori,
les Bosmers, enfin fut créé le Pacte Vert, liant les Bosmers au Vert,
pour leur survie mutuelle. Le Pacte Vert n’influait pas seulement les
résidences bosmériques, il influençait également l’art, la culture,
toutes les créations du peuple de la Sève. Les règles qui régissaient le
Pacte Vert, si elles pouvaient être violées, l’étaient au prix d’un
courroux impitoyable du Vert, dictaient aux Bosmer de ne nuire en aucun
cas au Vert, de ne manger quoique ce soit issu d’une vie végétale, de ne
manger que de la viande, de ne pas laisser pourrir les adversaires
vaincus mais d’en manger leur chaire, de ne prendre aucune vie
inutilement et enfin de ne pas se transformer, se sont des Elfes des
bois, leur forme étant sacrée. Sous cette influence, cueillir une fleur
de sa tige, prendre une pomme à sa branche ou encore abattre un arbre
était considéré comme un péché capital. Cependant, si une menace magique
venait à compromettre le Vert tout devait être mis en œuvre pour la
faire disparaître, même s’il s’agissait d’en abattre la souche. Le
Mandat de la Viande était une partie du Pacte Vert, incarné par les
règles sur les obligations et restriction alimentaires, stipulant que
l’ennemi défait au combat devait être consommé dans les trois jours. Le
Mer victorieux pouvait partager ce repas avec les membres de sa famille.
Ainsi certains, ceux qui suivaient encore cette disposition archaïque,
suivaient un jeûne avant de grandes batailles, s’affamant pour se
nourrir de leurs adversaires. Les récits racontaient qu’à une époque
lointaine où le Mandat de la Viande était particulièrement suivit, la
force et la bravoure d’un guerrier se mesuraient à la longueur des bois
qui leurs poussent sur la tête, signe du cannibalisme accentué des
Bosmers.
Les
Elfes des bois étaient encore souvent considérés comme des sauvages,
des primitifs, voire des barbares, en raison de leur style de vie, mais
en ignorance de cause. Le Pacte Vert assurait encore à cette époque la
survie des Bosmers et du Val-boisé. Certes, il limitait leur ascension
sociale et économique, mais leur offrait une alternative de progression.
Les Bosmers ne se préoccupaient généralement pas de l’argent, de leur
image, du pouvoir ou des biens matériels. Ils avaient la réputation
d’être espiègles et enjoués, ils se jouaient souvent des tours entre eux
ou mêlant les étrangers. Les Elfes des bois étaient également très
connus pour leur habilité à l’arc. Leurs arcs et flèches n’étaient pas
faits de bois mais d’os, ligaments, cornes et tendons, dans le respect
du Pacte Vert. Ils se racontaient que les os utilisés pour leurs flèches
ou leurs arcs chantaient des histoires, des histoires de morts. En
cela, la provenance de l’os portait une grande importance, plus la bête
était dangereuse, plus l’arme serait meurtrière. Ainsi était la culture
des Bosmers.
En
2E 564, une peste se répandait toujours sur les régions méridionales,
dont le Val-boisé, épargnant seulement les villages les plus reculés.
C’était encore le cas du village XXX où Faejine Odria vit le jour cette
année-là. Les coutumes les plus ancestrales et les plus archaïques y
étaient encore pratiquées. La voie de l’archerie était également vue
comme honorable et beaucoup s’y engageaient corps et âmes. C’était
notamment le cas du père de Faejine, Gaenry Odria, un des rôdeurs de
Voileronce. Les rôdeurs de Voileronce incarnaient les soldats d’élite et
relevaient directement des ordres du Roi Camoran. Certains rôdeurs
étaient qualifiés pour l’espionnage et l’assassinat, ce n’était pas le
cas de Gaenry, trop doué à l’arc et en stratégie pour mettre de tels
talents de côté. Les rôdeurs de Voileronce avaient reçu la permission du
Roi de rompre le Pacte Vert afin de mieux le protéger. Les croyances et
les convictions de chacun dictaient leur choix de rompre, tout, en
partie, ou pas le Pacte. Les rôdeurs étaient tenus en haute estime par
le Roi, mais tous les Bosmers ne les voyaient pas d’un bon oeil, surtout
ceux ayant choisi de rompre le Pacte Vert. La position de Gaenry en
tant que combattant et de conseillé stratégique lui permettait de
respecter le Pacte Vert.
La
mère de Faejine, Finwee Odria, était une Bosmer aimante et
attentionnée. Les Elfes des bois avaient une longévité supérieure à
celles des humains mais les femmes Bosmers ne pouvaient avoir que très
peu d’enfants. Finwee chérissait donc son premier enfant comme son
dernier. Bien que Gaenry ne fut que peu présent, l’environnement
familiale de Faejine était chaleureux, aimant et agréable.