Le soleil déclinait derrière les arbres de la forêt.
Venceslas et Kyuuji avaient quitté le Ranch de Brancharquée trois jours plus tôt. Avant leur départ, Venceslas avait fournit au Raen le minimum nécessaire pour voyager, des vêtements chauds, sacs, couvertures, rations et de quoi écrire. Il lui avait également appris qu’ils se trouvaient dans la forêt de Sonbrelinceul. Un territoire dépendant de la Cité-état Gridania, dont la protection et la sécurité étaient maintenues par la grande compagnie de l’Ordre des Deux Vipères. Cette organisation était la plus pacifique de tout Eorzéa, Kyuuji s’estimait heureux d’être tombé sur eux plutôt que d’autres au village de Brancharquée.
Depuis leur départ, le Hyurois n’avait fait aucune remarque ni la moindre référence à leur passé commun ou la raison de leur séparation. Dès qu’un de ces sujets étaient abordés, Venceslas répondait inlassablement qu’il devait d’abord s’en rappeler pour en discuter, afin de ne pas l’influencer.
Le Hyurois réunit les branches et brindilles sèches qu’il avait ramassées et alluma un feu de camp pour la nuit. Il partagea les rations et s’assit par terre un peu plus loin, sans un mot. Il semblait pris dans ses pensées, comme absent. Remarquant le comportement de son compagnon, Kyuuji ressentit le besoin de le ramener à la réalité.
— Tout va bien, Venceslas ?
Tiré de sa rêverie, le Hyurois cligna des yeux et balaya sa question d’un geste.
— Je réfléchissais.
Le silence, qui était devenu coutumier, s’installa quelques minutes avant que Kyuuji ne reprenne la parole.
— Je ne t’ai pas demandé comment tu m’avais retrouvé au Ranch.
Le Hyurois haussa les épaules.
— J’ai quelques relations au sein de l’ordre des Deux Vipères et des Veilleurs. Quand je suis rentré à Gridania, j’ai appris qu’ils recherchaient l’identité d’un Ao ra. Sans nouvelle de toi, je n’avais rien à perdre à me renseigner, je me suis donc rendu à Brancharquée.
Kyuuji acquiesça. Une explication somme toute assez simple et logique. Mais il restait quelque chose qu’il ne comprenait pas.
— Tu as dit être en retard. Je ne comprends pas.
Venceslas soupira et réfléchit. Il hésitait visiblement à lui en parler. Peut-être allait-il éviter le sujet avec sa remarque habituelle.
— Je suppose qu’il y a certaines choses dont je peux te parler sans empiéter sur tes souvenirs perdus. Depuis que nous avons été séparés, il s’est écoulé plusieurs lunes. Quand je t’ai vu au Ranch, je croyais que tu y étais prisonnier depuis.
Venceslas haussa de nouveaux les épaules, comme si tout cela avait bien peu d’importance.
— Je n’ai même pas pensé à demander depuis quand tu étais là.
Ainsi, quelque chose était arrivée après leur séparation, provoquant l’amnésie de Kyuuji. Écartant mentalement le sujet, le Raen repensa à ce qu’il avait dit.
— Quel genre d’obligations t’amène à Gridania ?
— Souvient t’en et on pourra en reparler.
Le silence qui s’abattit cette fois dura jusqu’à la tombée de la nuit. Ils installèrent leur couchage et Kyuuji proposa de prendre le premier tour de garde.
Une main plaquée sur sa bouche réveilla le Raen en sursaut. Penché au dessus de lui, Venceslas lui faisait signe de ne pas faire de bruit. Il hocha la tête pour montrer qu’il était réveillé et avait compris la consigne, alors le Hyurois le libéra. Venceslas leva un doigt et indiqua une direction, puis en leva deux autres et indiqua la direction opposée. Enfin, il tapota son épée deux fois et dessina un arc de cercle dans l’air en montrant la première direction qu’il avait indiquée. Bien que concises, ces explications paraissaient claires pour Kyuuji. Il y avait trois individus, deux armés d’épées ou armes semblables qui approchaient par le sud, et un autre armé d’un arc par le nord.
Le Raen attrapa son arme et s’accroupit silencieusement à côté de Venceslas. Par geste, le Hyurois lui fit comprendre qu’il s’occupait du groupe du sud tandis que Kyuuji devait se charger de l’archer. Ils échangèrent un signe de tête et se séparèrent. Étrangement, Kyuuji savait ce qu’il avait à faire. Il devait s’approcher de l’archer pendant que Venceslas contournait l’autre groupe. Ce serait au Raen d’engager le combat et de neutraliser rapidement l’archer, son compagnon occuperait les deux autres jusqu’à ce qu’il le rejoigne pour le soutenir.
Une fois en position, Kyuuji découvrit son ennemi. Un Ixali. Il avait une attitude ouvertement hostile et attendait le signal de ses camarades, une flèche encochée. Le Raen n’aurait pas de remord. Il patienta encore quelques instants puis se concentra sur l’éther. Sa tête se mit à tournée et il perdit l’équilibre. Il perçut le cri d’un Ixali et les bruits du combat qui s’engageait.