Cet
évènement marqua la fin de l’unité de Lothelil telle qu’elle avait
toujours existé jusqu’ici. Les chariots de l’armée étaient attelés, il
ne restait du camp que les traces laissées par les tentes, les enclos ou
les feux. Les membres restés dans l’armée et ceux l’ayant quittée se
séparèrent sans aucune animosité, au contraire. Ils avaient tous tissé
des liens étroits. De part le respect qu’ils éprouvaient les uns envers
les autres, ils acceptaient leurs choix, quel qu’il soit. Ils se
connaissaient tous, savaient qu’ils se reverraient, ils n’avaient pas
besoin de mots. Dans un dernier tressaillement de discipline, tous se
tournèrent vers leur commandant et lui présentèrent un salut militaire
dans une parfaite coordination, d’un seul mouvement. Le commandant, dans
ce moment solennel, s’avança vers le seul officier restant dans
l’armée, il luit tendit sa propre lettre de démission ainsi que son
insigne et le salua. Il se recula vers le gros de son unité, ceux
voulant continuer le combat à Prasin. Parmi les membres sur le départ,
il y avait aussi certains membres qui profitaient de la situation pour
rejoindre la guilde des guerriers, des mages ou d’autres de moindre
importance. Lors du départ, les anciens militaires adressèrent une
dernière révérence à leurs amis. Ils étaient maintenant plus de la
moitié de l’unité et ne disposaient plus du matériel de l’armée. Leurs
combats contre les esclaves de Molag Bal s’annonçaient difficiles. Pour
se réorganiser, Lothelil et ses hommes se rendirent dans la plus grande
ville de la région, Foyeraie. Là, ils trouvèrent de quoi monter un camp
de fortune où loger à l’extérieur de la ville. La taverne devint leur
quartier général et le marché leur principale source d’information et de
matériel.
Ce
soir-là, ce qu’il restait de l’unité de Lothelil se réunit à la taverne
pour discuter de leur avenir. Avec leur effectif actuel toutes les
stratégies de combats étaient à revoir et ils ne pouvaient plus se
permettre de combattre sur plusieurs fronts. Lothelil souhaitait
également trouver une nouvelle appellation, l’unité de Lothelil ne lui
convenait plus, ne faisant plus partie de l’armée. Il doutait d’obtenir
le droit de créer une guilde au sein du Domaine à cause de leurs
relations plutôt tendues avec la Reine. Se vendre en tant que
mercenaires ne l’intéressait pas, leur vocation étant le combat contre
Molag Bal. Tous étaient d’accord avec Lothelil mais aucun n’avait d’idée
à proposer. Pour l’instant, ils devaient se débrouiller en vendant
leurs services pour gagner de quoi s’organiser plus confortablement.
L’eau et les vivres n’étaient pas un souci et ils n’avaient pas besoin
de grand chose pour camper. Mais les armes et armures coûtaient chère,
tout comme les réparations. Ils se donnèrent un mois pour s’équiper et
repartir en guerre. Certains avaient des talents d’artisans, d’autres de
cuisiniers, tous pouvaient rejoindre une milice locale ou un corps de
chasse. Faejine avait beaucoup économisé durant ses études grâce à sa
bourse, elle n’avait pas besoin de faire tout cela pour s’acheter son
matériel, mais elle devait trouver à s’occuper. Pour l’instant, Faejine
contacta un armurier pour lui commander une armure, le forgeron de
Foyeraie était particulièrement doué et lui proposa une bien meilleure
armure que toutes celles que l’armée aurait pu lui fournir. Les
menuisiers ne la satisfirent cependant pas, alors elle recontacta celui
qu’elle avait rencontré à Prime-tenure, Lowell. L’impérial se trouvait
actuellement sur les terres de l’alliance de Daguefilante, mais étant
apatride et fervent partisan du combat contre le prince Daedra, il
accepta d’honorer sa commande, deux bâtons, un de rétablissement et un
de foudre. Ils se donnèrent rendez-vous à Prime-tenure dans dix jours,
les trajets individuels par l’oratoire étant presque instantanés partout
sur Nirn.
Pour
les prochains jours, Faejine décida de se rendre à Auridia, elle
trouverait bien de quoi s’occuper pendant un mois. La Bosmer se rendit à
l’oratoire de téléportation de Foyeraie et l’utilisa pour se rendre à
Prime-tenure. Le changement de climat et d’atmosphère, les flux magiques
qui traversaient le corps et l’esprit, laissaient toujours un sentiment
étrange et un moment d’étourdissement qui se dissipaient généralement
en quelques secondes. Il arrivait que les plus sensibles restent
hébétées plusieurs minutes, mais Faejine était habituée à voyagée ainsi.
Elle retrouva rapidement ses sens et se dirigea vers les locaux des
Rôdeurs de Voileronce. Elle ne trouva qu’un campement vide, un passant
qu’elle interrogea lui expliqua qu’ils étaient tous partis, il y avait
plusieurs jours, en missions pour la Reine Ayreen. Soupirant, elle
s’orienta vers la sortie, bien décidée à trouver de l’occupation auprès
des chasseurs ou des autres villages à proximité. Devant les portes
d’Auridia, la Bosmer se retrouva face à un guerrier tout en armure
portant un symbole qui attira son attention. Un soleil de feu sur fond
noir. Il lui fallut quelques secondes pour se rappeler où elle l’avait
déjà vu. Il s’agissait du même insigne que celui qu’elle avait remarqué
sur le mercenaire qui avait participé à la première fermeture d’ancre à
Prasin. Intriguée, et n’ayant rien à perdre, Faejine décida d’aborder le
guerrier et de l’interroger sur ce symbole. L’homme se nommait Lucifer
Corvinus et était membre d’une organisation qui combattait les diverses
menaces de Nirn. Le soleil brûlant sur fond noir était le symbole de
cette organisation, qu’il appelait l’Ordre. Sa curiosité rassasiée, son
intérêt prit l’ascendant. Faejine lui parla de son unité, de ses
convictions et de ses craintes. Lothelil et ceux qui étaient resté
avaient beaucoup en commun avec Corvinus. La Bosmer réussit à convaincre
le guerrier de rester en contact pour échanger des informations en cas
de besoin.