Kyuuji atterrit lourdement dans la boue.
Bien qu’amortie par la terre humide, le choc lui coupa le souffle. Il toussa et glissa en voulant se relever, ajoutant d’autant plus de colère à celle qu’il ressentait déjà. Frustration, colère, honte et rancœur se disputaient le cœur du Raen. Un grognement s’échappa de sa gorge et se mua en un hurlement de rage.
Conscient que ses sentiments n’étaient pas entièrement dus à sa chute, Kyuuji s’obligea à se calmer. Toujours étendu dans la boue, il ferma les yeux et respira profondément. La colère qu’il éprouvait pour le Hyurois s’apaisa lentement. La frustration, le sentiment d’inachevé et de faute se turent mais trouvèrent une place profondément ancrée dans son esprit. Enfin la rancœur se transforma en un glaçon pesant sur son estomac. Bientôt, il ne resta plus que la honte, qu’il réussit à mettre de côté. Remerciant pour la première fois le fait d’être seul et perdu dans cette forêt inconnue.
Le cœur et l’esprit calmé, Kyuuji se redressa. Il réalisa que le ciel était désormais dégagé. L’aube à peine naissante annonçait le retour du soleil, mais il allait devoir attendre plusieurs heures avant qu’il ne le réchauffe. Se forçant à ne pas laisser la frustration reprendre le dessus, il se leva et se remit en route.
Le soleil attaquait sa descente dans le ciel quand le piaillement caractéristique d’un chocobo tira le Raen de ses pensées. Kyuuji releva la tête, prit d’espoir. La route qu’il suivait était parsemée d’empreintes d’hommes et de chocobos, il arrivait sûrement enfin quelque part. Avec un regain d’énergie, le Raen s’élança sur le chemin.
Au détour d’un coude, le sentier s’ouvrit sur une vaste étendue, offrant une impressionnante vision à Kyuuji. Un immense cristal bleu qui rayonnait une lueur froide mais agréable surplombait une écurie occupée par plusieurs chocobos. Devant lui, une barrière de bois traversait la route et bordait tout le village. Deux gardes Elézens en gardaient l’entrée, droits et fiers. Au-delà de la barrière, les bâtisses et bâtiments s’enchevêtraient les uns à côté des autres, reliés par des ponts, escaliers et plateformes en bois. Depuis la route, il se dégageait une ambiance sereine, confiante et énergique du village.
Kyuuji s’approcha, sans se cacher. En arrivant à portée de vue, les gardes dévisagèrent ouvertement le Raen. Ils échangèrent un regard et quelques mots, et, visiblement méfiant, l’un d’eux s’avança à sa rencontre.
— Halte étranger, présentez-vous.
— Je me nomme Kyuuji Atagi.
Il se retourna à moitié et, d’un geste, désigna la forêt qui s’étendait au sud.
— Je me suis…
L’Elézen le coupa dans son élan.
— Qui êtes-vous ?
— Je m’appelle Kyuu…
Le garde l’interrompit de nouveau et haussa le ton en détachant bien chaque mot.
— Qui êtes-vous ?
Kyuuji le regarda sans comprendre. Puis son regard dériva sur le village et les gens qui commençaient à s’intéresser à l’altercation. Parmi eux, le Raen vit d’autres Elézens, des Miqo’tes, nombres de Hyurs, quelques Lalafells et même un Roegadyn. Mais aucun Ao ra. Les regards méfiants, inquiets et apeurés dont il faisait l’objet le mirent mal à l’aise. Une sensation désagréable s’installa au fond de son estomac. Le Raen recula d’un pas et tenta de trouver une explication logique à cette situation incompréhensible. Mais, incapable de l’appréhender, la panique menaça de le submerger.
— Je viens d’Othard. Je….
Une voix s’éleva au milieu de l’attroupement.
— Un Garlemaldais !